Article de l'affranchi de cette semaine
Cannes, pour maintenir l'ambition
Le CVB, qui reçoit Cannes samedi, s'appuie sur une telle dynamique de groupe et de succès, qu'il ne doit pas avoir peur de viser aussi le titre de champion de Ligue A. Les joueurs, eux, y croient.
Depuis le début de la saison, le scénario des rencontres du CVB 52 HM se lit comme un roman dont l'histoire est attendue et la fin annoncée. Quatorze victoires sont tombées alors que les Chaumontais avaient remporté la première manche. Pour la première fois, vendredi dernier, et cela face à Paris, la perte du premier set n'a pas entraîné la défaite. Un renversement de situation, aux allures de hold-up, qui a prolongé la série noire parisienne.
La façon dont les Chaumontais ont affronté les vents contraires force le respect. Terzic, puis le libéro Closter, remisés en tribune, D'Almeida blessé ensuite alors que tout le monde savait depuis la veille que le coach Prandi n'assurerait pas sa place sur le banc... L'entassement des impossibilités s'est prolongé jusque dans le quatrième set, au moment où Boyer a effacé d'une attaque magistrale la balle de match de l'équipe adverse. Vous connaissez la suite avec cette cinquième manche remportée.
Le genre de victoire qui gonfle d'espérance les supporters déjà chauffés à blanc par des résultats exceptionnels. Un total de victoire égal à celui de l'an dernier, mais avec déjà 3 points de plus que la meilleure des saisons du CVB et cela à 5 journées de la fin !
Le rêve d'un titre national
Sans que les propos ne fassent débat, la perspective de jouer le titre du championnat de France de Ligue A s'est doucement installée dans l'esprit des joueurs. Au départ, il ne s'agissait que d'éviter la relégation promise aux dernières places, avec quand même l'arrière pensée d'une participation probable aux play offs. Puis, la possibilité de disputer la victoire au championnat de France s'est lentement instillée au sein de l'équipe, poussée par l'expérience de l'entraîneur Silvano Prandi dont le passé victorieux légitime cette espérance.
Au départ une idée longtemps repoussée, chassée comme un rêve impossible mais dont les contours s'effaçaient en décembre lorsque les défaites s'enchaînaient. Puis lentement, à la faveur des résultats positifs, l'image était ressortie de l'ombre, en se précisant, en s'accentuant jusqu'à devenir une croyance qu'on partage entre joueurs. Bref une pensée d'abord combattue qui tourne notamment pour l'entraîneur en une idée fixe. Le technicien Italien estimait notamment qu'une participation en une coupe d'Europe, autre que la Ligue des champions, serait quasi inutile.
Du côté du public, l'on ressent comme une pudeur à l'annonce de cette nouvelle ambition. Faut-il déceler dans ce sentiment la peur de quitter ce costume du petit dans lequel on s'est longtemps senti à l'aise ? Sans doute la crainte de vivre des jours moins bons alors que le ciel nous semble déjà bleu.
Après tant de temps passé en division inférieure, le public se rappelle peut-être ces années de souffrance dans la peau de l'outsider. Mais quel courant favorable nous a dirigé de l'océan aux eaux amères de la Ligue B, vers cette source d'eau douce de la Ligue A, dans laquelle nous buvons à pleine gorgées ?
Sans états d'âme, dirigeants et joueurs voudraient franchir cette barrière mentale qui sépare l'ambition du succès.
Cannes et Pierre Pujol, très attendus
Déjà deux semaines que Montpellier et l'attaquant Lavagne sont venus se casser les dents à Jean Masson. L'ancien chaumontais, que l'on connaissait accrocheur, s'en est pris avec quelques échanges doux amers au chouchou du public : Stephen Boyer. L'entreprise de déstabilisation s'est arrêtée à la fin du match, lorsque les deux anciens coéquipiers d'Ajaccio ont échangé une étreinte. Quelle aurait été la réaction du public si le CVB s'était incliné ? Tout cela reste du sport, même quand l'échauffement généralisé trouble certains supporters, prêts à brûler ce qu'ils ont adoré de ce joueur qui a fait le bonheur de la première saison de Matijasevic.
Pourquoi ne pas reconnaître les qualités de celui dont on ne voit plus que les défauts lorsqu'il porte le maillot de l'adversaire ? Comme dirait Desproges : «L'ennemi est bête. Il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui».
En attendant, Cannes pointe le bout de son nez et la rencontre porte sûrement les germes d'une ambiance réussie à l'image de ce que le public de la salle Jean Masson avait vécu lors de la victoire face à Montpellier.
En proie à des problèmes qui pleuvent en cascade, le club azuréen jette sur les 8 premières places qualificatives aux play offs des yeux désespérés. Pire encore, la menace d'une relégation pèse sur les épaules d'un effectif pourtant plus habitué à jouer les premiers rôles.
Un joueur porte peut-être davantage que les autres le poids de cette saison médiocre. Pierre Pujol, capitaine de cette formation cannoise, passeur international, voudrait revivre les jours meilleurs et trouver en terre Haut-Marnaise les remèdes à son orgueil blessé. Homme de caractère et très joueur, il devrait savourer les humeurs d'un public toujours prêt à désigner une victime à sa vindicte.
Dire que certains ne savent pas quoi faire le samedi soir !..