Article de "l'affranchi" de vendredi
Volley : ces banalités qu'il faut quand même entendre
Décevante à Tours, au delà de l'excuse des blessures, l'équipe chaumontaise qui, à l'image du jeune Boyer, entre dans un nouveau statut, doit montrer samedi sur son terrain ce qu'elle vaut vraiment.
Nathan Wounembaina, seul sur le banc après la défaite du CVB 52 HM contre Tours, la tête à peine dissimulée sous une serviette, venait de voir, en une grosse heure, les quelques certitudes d'avant saison balayées.
Cette image de la retransmission télévisée du dernier match résumait le désarroi du Chaumont-Volley-Ball 52 Haute-Marne.
Les absences conjuguées du capitaine chaumontais et du central Daniel Mc Donnell pourraient constituer un alibi en béton pour expliquer la défaite. Cependant, l'équipe haut-marnaise aura montré trop peu pour rassurer son public avant la confrontation face à Ajaccio.
Défense en carton, balles de relance rarement par terre... tandis que, de l'autre côté du filet, l'inévitable Konecny déroulait toute la palette de l'attaquant de pointe en marquant 18 points en l'espace de trois sets. Voilà qui devrait inspirer le jeune pointu chaumontais Pierre-Jean Stephen Boyer pour la rencontre suivante, tant le meilleur marqueur de ligue A de la dernière saison est passé vendredi complètement à côté de son match.
Boyer : la saison la plus difficile !
A la fin du premier set, alors que son passeur lui délivrait une balle dans des conditions idéales, Boyer commettait la faute en donnant l'impression de vouloir solder l'ardoise de la frustration des points précédents. Une erreur comme on en verra beaucoup probablement, mais les charmes de la nouveauté sont désormais épuisés.
Les commentateurs du match rappelaient le parcours heureux de la révélation de l'année dernière ponctuée par un stage en équipe de France en fin de saison. La retraite annoncée du pointu Rouzier après les jeux olympiques laisse évidemment une porte ouverte dans laquelle quelques trois ou quatre français sont capables de s'engouffrer. Encore une banalité. Mais Boyer effectuera probablement cette année sa saison la plus difficile, car les conditions psychologiques dans lesquelles il évolue désormais sont bien différentes.
Sans réelle concurrence pendant les deux premiers mois de la dernière saison, Boyer avait pu s'installer dans la posture du sauveur. Le décor est aujourd'hui différent. Il est d'abord attendu par les équipes adverses. Ensuite, son statut dans l'équipe a changé avec un rôle de titulaire qui pèsera immanquablement sur les épaules d'un joueur de 20 ans seulement.
Les dirigeants ont cependant pris la précaution de doubler son poste avec Jordan Corteggiani dont la hargne aidera à gonfler la concurrence toujours nécessaire lorsque l'on veut éviter l'assoupissement naturel d'un joueur qui sentirait trop sa place sur le terrain assurée.
Face à des trentenaires aguerris
La deuxième journée du championnat sera celle du rachat et il faudra passer sur l'obstacle Ajaccio. A domicile cette fois.
La formation corse ne ressemblera assurément pas à celle que les Chaumontais avaient affrontée au tournoi Aesculap. A la lecture des deux six de départs alignés lors de la première journée, une première remarque s'impose. Le CVB fait jeune, tandis que l'équipe insulaire présente des trentenaires aguerris.
A l'instar de la formation tourangelle, l'axe passeur / Pointu / libéro constitué de Takaniko, Simovski, Exiga offre les garanties du plan épargne logement les jours de crise. Faut-il y voir une des raisons du succès corse lors de la saison dernière, avec notamment la victoire en coupe de France ?
Peut-être mais la formation du président Exiga aura finalement attendu près de 50 ans depuis la fondation du club pour obtenir un premier trophée. Une patience d'un demi siècle récompensée par un deuxième trophée en finale de la Supercoupe alors que le CVB n'a dans sa plus courte histoire jamais rien gagné...sauf le soutien inconditionnel de ses supporters.
Nouveaux moyens et réalité du terrain...
Les dirigeants entendent pourtant s'armer d'un encadrement amélioré autour de l'entraîneur Silvano Prandi. Deux personnes exactement. Un kiné et un préparateur physique qui s'ajoutent au statisticien embauché l'année dernière. Finalement on compte 4 personnes entièrement dédiées à l'équipe professionnelle auxquelles s'ajoutent un effectif de 13 joueurs sous contrat.
Une situation assez exceptionnelle dans le paysage du volley français.
Certes, d'aucuns pourraient expliquer que Paris a remporté le championnat de France avec un effectif resserré de 9 joueurs, mais on ne pourra pas reprocher au CVB de tenter de progresser dans sa jeune histoire en Ligue A.
Si les deux blessures contractées par Wounembaina et Mc Donnell, juste avant le début de la saison, maintiennent une certaine continuité dans l'incapacité du club à présenter un effectif au complet, force est de constater que ces désordres sont compensés par des solutions de rechange.
Alors, l'objectif annoncé de remporter une des trois compétions disputées au cours des deux prochaines années demeure crédible.
Mais les dirigeants du club savent trop, même lorsque l'on tente de réunir toutes les conditions de la réussite, que les succès se remportent sur le terrain.
Voilà un message d'une grande banalité que les joueurs devraient se répéter avant la rencontre de ce soir.