...excellent article de la lnv sur un ancien du CVB :
"Meilleur marqueur de Ligue BM, l’attaquant de Saint-Nazaire, Lionel Coloras a retrouvé l’efficacité et le plaisir de jouer. En Loire-Atlantique, il savoure ces bons moments, après avoir failli tout arrêter."
Il a déjà fait un sacré bout de chemin. A 32 ans, Lionel Coloras ne se berce plus aujourd’hui d’euphorie et d’insouciance. Il a vécu trop de choses sur un fil, tel un funambule, pour perdre tout contrôle, toute sérénité, quand, d’un coup, son volley devient soudain invincible, irrésistible, comme ce fut le cas le week-end passé au Plessis Robinson (victoire 1-3). En quatre sets, l’ancien minot, élevé aux débuts des années 2000 au grain du Poitou, entre les cadors, Laurent Chambertin et Pierre Pujol, a tout ravagé. De son bras, la foudre est sortie par rafale, tous azimuts ! A l’arrivée, 44 points, son record en carrière. Une démonstration de force qui l’installe solidement désormais au premier rang des canonniers de LBM (363 pts) et propulse quasi mathématiquement Saint-Nazaire, superbe promu 5e du classement, en Play-Offs !
Alors forcément, il a savouré, Lionel, ce moment «in the zone», ce doux vertige, cette délicieuse sensation qui vous enveloppe et vous persuade qu’un jour comme ça, rien ne peut vous arriver. «C’est le genre de moment qu’on vit plutôt bien», sourit l’attaquante de pointe du SNVBA. «On voit que tout ce qu’on fait passe, même les ballons compliqués, les points chanceux, les points de raccroc. On peut faire ce qu’on veut, on se sent sur un nuage.» Le long de la ligne, son entraîneur, Gilles Gosselin, qui le connaît si bien, a aimé lui aussi. Surtout, au-delà de la performance intrinsèque et des chiffres, il y a vu la pleine expression d’un joueur bien dans sa peau et dans son jeu. «C’est une grande performance. Après, Lionel évolue depuis longtemps maintenant en Ligue BM, il connaît ce championnat et il a vraiment gagné en constance, en expérience, en maturité. Le fait d’être papa depuis l’été dernier l’a peut-être un peu aidé dans ce domaine», estime le coach nazairien.
Papa effectivement d’un petit Lucas, Lionel, qui se régale d’avance de croiser le fort rennais ce soir à la maison, a sûrement appris à relativiser les choses et éloigner au plus loin les tourments et les angoisses d’une carrière qui ne fut jamais simple. En 2012-2013, alors qu’il termine meilleur marqueur et MVP de Ligue BM avec Saint-Nazaire déjà, le club ne le conserve pas pour la Ligue AM ! Lionel accuse le coup, sans amertume ni rancœur cependant. «Evidemment, j’aurais aimé y aller avec Saint-Nazaire il y a quatre ans, mais ils ont préféré prendre un pointu américain (Murphy Troy) qui a fait une excellente saison», dit-il simplement aujourd’hui. Il file alors à Martigues, mais se rompt partiellement le tendon de l’épaule de son bras de frappe. La blessure est sérieuse, Lionel passe une saison blanche. Deux chirurgiens lui conseillent même alors de plaquer le volley, avant qu’un autre spécialiste veuille bien finalement l’opérer. «Ça a été payant mais douloureux, j’ai mis un an pour revenir. J’ai transpiré, je voulais y arriver, il y a eu des périodes où j’ai pleuré en me disant que c’était fini. Là, tout ça est derrière moi, je sors de la perpétuité, c’est comme une petite revanche et je mets tout mon cœur dans chaque ballon !», résume Lionel aujourd’hui.
Revenu à Saint-Nazaire en 2015, en 3e division, après avoir été aux portes de la Ligue AM, Lionel a pris un risque pour relancer sa carrière, mais il avait besoin de renouer ce fil avec un club où il se sent bien. «Lionel avait des repères, un confort ici et il savait que le club, le staff, l’environnement de Saint-Nazaire avait une confiance en lui. C’était une bonne option de se relancer ici», convient Gilles Gosselin. A la tête d’une bande de jeunes impavides, Lionel est l’ancien de la troupe, l’un des trois «chaperons» avec Quentin Marion et Maxime Mourier, les deux autres tauliers de l’équipe. «Quand j’arrive à l’entraînement, on m’appelle papa. L’équipe est jeune, elle a tout à prouver et ça bataille à l’entraînement !», se réjouit l’attaquant nazairien, qui n’a pas fait une croix sur un passage en Ligue AM, mais demeure lucide sur ses carences limitantes au plus haut niveau. «Je suis assez conscient sur mon niveau. Offensivement, je peux être pointu en Ligue AM. Après, c’est mon service qui pèche. Là est ma limite. J’ai envie de toucher à la Ligue AM mais si je n’y arrive pas, je serai tout de même content de montrer à mon fils ce que j’ai fait», conclut joliment Lionel, le revenant…